Dans un document adopté avec l'accord du pape Benoît XVI, la commission
théologique internationale du Vatican a conclu qu'il existe "des bases
théologiques et liturgiques sérieuses pour espérer que lorsqu'ils meurent, les
bébés non baptisés sont sauvés".L'idée des limbes reflète "une vision trop
restrictive du salut", ont-ils tranché.
Ces avis autorisé prend le contre-pied de plusieurs siècles de croyance sur
l'existence des limbes ("bordure" en latin), un lieu situé entre l'enfer et le
paradis où avaient été relégués les bébés morts non baptisés.
Le document de la commission, dont quelques extraits en anglais ont été
publiés samedi sur le site de l'agence américaine Catholic News Service (CNS)
n'a pas encore été diffusé in-extenso par le Vatican, mais il est prêt depuis
plusieurs semaines, a précisé à l'AFP un de ses membres, l'archevêque de Dijon
(France) Roland Minnerath.
Dieu est miséricordieux et "veut que tous les enfants soient sauvés", ont
estimé les théologiens, réunis sous la présidence du préfet de la congrégation
pour la doctrine de la foi, l'Américain William John Levada.
Ils ont cependant souligné que leur avis se fonde "sur une pieuse espérance"
plus que sur "une certitude avérée".
En 1984, le cardinal Joseph Ratzinger, devenu pape Benoît XVI, s'était déjà
déclaré partisan "à titre personnel" de l'abandon de "l'hypothèse" de
l'existence des limbes.
Celle-ci s'est ébauchée au Vème siècle, quand saint Augustin avait tenté de
répondre à la quadrature du cercle: puisque l'âme des petits enfants décédés
sans baptême n'a pas été lavée du péché originel, ils ne peuvent accéder au
paradis. Mais comme ils n'ont encore rien fait de mal, ils n'ont pas leur
place en enfer.
Les limbes sont définies au XIIIème siècle, sans emporter l'adhésion de tous,
et particulièrement des mères désespérées de perdre un enfant en bas âge sans
avoir le réconfort de le savoir au paradis.
Malgré le recul de la mortalité infantile, le sujet reste d'une actualité
brûlante pour l'Eglise catholique, confrontée à la pratique de l'avortement et
à la baisse constante du nombre de baptêmes d'enfants.
La commission théologique internationale s'était saisie du dossier dans son
programme de travail des années 2004-2005.