« Le pardon fruit de l’amour »
Luc 7.40-47
36 Un pharisien pria Jésus de manger avec lui. Jésus entra
dans la maison du pharisien, et se mit à table.
37 Et voici, une femme pécheresse qui se trouvait dans la
ville, ayant su qu’il était à table dans la maison du
pharisien, apporta un vase d’albâtre plein de parfum,
38 et se tint derrière, aux pieds de Jésus. Elle pleurait ;
et bientôt elle lui mouilla les pieds de ses larmes, puis
les essuya avec ses cheveux, les baisa, et les oignit de
parfum.
39 Le pharisien qui l'avait invité, voyant cela, dit en
lui–même : Si cet homme était prophète, il connaîtrait qui
et de quelle espèce est la femme qui le touche, il
connaîtrait que c'est une pécheresse.
40 Jésus prit la parole, et lui dit : Simon, j'ai quelque
chose à te dire. –Maître, parle, répondit–il. –
41 Un créancier avait deux débiteurs : l’un devait cinq
cents deniers, et l’autre cinquante.
42 Comme ils n’avaient pas de quoi payer, il leur remit à
tous deux leur dette. Lequel l’aimera le plus ?
43 Simon répondit : Celui, je pense, auquel il a le plus
remis. Jésus lui dit : Tu as bien jugé.
44 Puis, se tournant vers la femme, il dit à Simon :
Vois–tu cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne
m'as point donné d'eau pour laver mes pieds ; mais elle,
elle les a mouillés de ses larmes, et les a essuyés avec ses
cheveux.
45 Tu ne m’as point donné de baiser ; mais elle, depuis que
je suis entré, elle n’a point cessé de me baiser les pieds.
46 Tu n’as point versé d’huile sur ma tête ; mais elle,
elle a versé du parfum sur mes pieds.
47 C’est pourquoi, je te le dis, ses nombreux péchés ont
été pardonnés: car elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on
pardonne peu aime peu.
48 Et il dit à la femme : Tes péchés sont pardonnés.
49 Ceux qui étaient à table avec lui se mirent à dire en
eux–mêmes : Qui est celui–ci, qui pardonne même les péchés ?
50 Mais Jésus dit à la femme : Ta foi t’a sauvée, va en
paix.
Nous la connaissons cette femme, Marie de Béthanie précise
Matthieu, elle n’avait pas une bonne réputation. Tout le monde
la connaissait comme une fieffée pécheresse… Ni fréquentable, ni
recommandable, à fuir par ceux qui voulait garder leur
réputation…
1/ La réconciliation
Mais, de cette lecture je retiens particulièrement le verset 47
47 C’est pourquoi, je te le dis, ses nombreux péchés ont
été pardonnés: car elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on
pardonne peu aime peu
Et surtout je retiens ce petit bout de phrase « … elle a
beaucoup aimé. »
Quand nous lisons simplement ce texte en français nous perdons
son sens profond, dans une traduction trop rapide. La langue
française est déjà bien riche mais elle ne permet pas de rendre
tout le sens de ces paroles de Jésus et c’est dommage. Dans la
langue de Molière ce texte est traduit par un verbe conjugué au
passé simple. Mais en réalité dans le grec, plus riche, le temps
utilisé est « l’aoriste ».
En français « elle a aimé » c’est du passé. Mais en grec c’est
du passé, mais c’est aussi du présent et c’est encore du futur,
tout à la fois. Pour faire simple nous pourrions dire que son
amour a été permanent. Il était, il est et il sera encore après
cette rencontre.
Si je relève ceci ce n’est pas pour donner un cours mais pour
relever que Jésus Christ :
- Perçoit que cette femme avait un grand cœur.
- Que tout simplement elle a été méconnue, mal
orientée peut-être.
- Que les actes de cette femme ne sont pas aussi noirs
que les gens le jugent.
Le Seigneur voit tout le potentiel d’amour gâché, certes par ses
comportements lors de cette rencontre, mais tout Il constate que
ce potentiel a été gâché par ceux qui n’ont pas voulu voir
qu’elle avait seulement besoin d’aide pour s’en sortir.
La sentence est vite prononcée par le pharisien maître de la
maison :
39 Le pharisien qui l'avait invité, voyant cela, dit en
lui–même : Si cet homme était prophète, il connaîtrait qui
et de quelle espèce est la femme qui le touche, il
connaîtrait que c'est une pécheresse.
Mais que croyait-il ce pharisien, que Jésus était aveugle ?
C’est lui l’aveugle car il a jugé sur les seules apparences et
aux bruits de la rumeur. Quelles différences y aurait-il entre
la vie de cette femme et nos propres vies ?
Que celui qui n’a jamais pêché jette la première pierre…
Personne n’a bronché quand Jésus à lancer ce défi, alors qu’une
autre femme allait être lapidée. A cette femme aussi Jésus
pardonne et Il ajoute simplement : « Va et ne pêche plus. »
Parce que Jésus ne dit pas que l’amour couvre tous les péchés,
et que de ce fait alors nous pourrions continuer à vivre comme
avant. Certainement pas. Ce que le Seigneur veut c’est que nos
cœurs changent, profondément.
Il doit y avoir plus qu’une prise de conscience mais un réel
chamboulement dans nos vies. Un nettoyage en profondeur. Mais,
pour qu’une telle chose se produise, encore faut-il qu’il y ait
une réelle motivation.
Et si je mentionnais cette forme de conjugaison dans le grec
c’est pour mettre en évidence qu’il y a eu comme une
« mutation » dans la vie de cette femme. Et que cette mutation a
commencé avant cet événement.
La preuve :
- Elle cherchait à rencontrer Jésus.
- Elle accepte de subir les sarcasmes et les jugements de
ces "propres justes" qui s’estiment tellement au-dessus
d’elle…
- Sachant où Jésus était invité elle est allé d’bord chez
elle pour chercher ce flacon qu’elle conservait
soigneusement en lieu sûr, car c’était un parfum de grand
prix, pour oindre le Seigneur.
Elle n’agit pas sur un coup de tête, elle préparait sa
repentance publique, et certainement elle l’avait méditée dans
son cœur, convaincue par l’Esprit de péché, de justice et de
jugement. Elle ne fuit pas devant la honte publique.
Elle avait un désir de purification. D’ailleurs le fait de laver
les pieds de Jésus montre qu’elle avait ce souci de pureté et de
bonnes odeurs. Bien sûr jésus n’avait pas besoin d’une
purification de péchés, Il n’en n’avait pas ! Mais, Il avait les
souillures du chemin. Alors, elle fait ce qu’elle peut, avec ses
moyens et même au-delà de ces moyens matériels puisque l’on sait
qu’il s’agissait d’un parfum de grand prix. Elle efface les
souillures du chemin comme un geste d’amour.
Et comme Jésus est Amour, qu’Il n’est pas venu pour juger mais
pour sauver, Il reçoit cette repentance en ne regardant pas
qu’au passé, mais aussi au présent et encore au futur sachant ce
qu’elle allait devenir, une servante fidèle.
Il est intéressant de constater que cette femme ne fuit pas
quand ses péchés sont dévoilés… D’autres se cachent ou nient ou
dissimulent, ou font appel à des prétextes ou des circonstances
atténuantes, mais pas elle, elle assume. Jésus entend ce qu’elle
ne dit pas mais ce qui vibre dans son cœur.
2/ Le pardon et l’amour à la place de justice
humaine
Matthieu 5.38-42
38 Vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil, et dent
pour dent.
39 Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si
quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente–lui aussi
l'autre.
40 Si quelqu'un veut plaider contre toi, et prendre ta
tunique, laisse–lui encore ton manteau.
41 Si quelqu'un te force à faire un mille, fais–en deux
avec lui.
42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de
celui qui veut emprunter de toi.
Il faut se souvenir qu’avant Jésus-Christ c’est encore la loi du
"talion". Il en aura fallu de l’amour dans le cœur de Jésus pour
qu'enfin certains comprennent que cette époque est révolue.
L’Evangile efface toute trace de cette loi ancestrale ! Les
premiers signes de la loi du talion sont trouvés dans le
Code d’Hammourabi,
en
1730
avant
Jésus Christ,
dans le royaume de
Babylone.
Vous pensez comme cela est donc incrusté dans les esprits des
gens.
Jésus balaie cela, et Il remplace la loi du talion par la loi
d’amour.
Nos cœurs ne doivent donc plus se remplir de haine ni d’un
besoin de vengeance. La « vendetta » n’est pas de mise dans le
plan du Seigneur. Jésus veut que nous agissions comme Lui. Il
nous demande d’apprendre à pardonner et non à nous référer à
notre bon droit version Hammourabi ou d’un code plus moderne… Et
pardonner c’est ne rien retenir, même pas réserver « un chien de
ma chienne » comme il se dit parfois. Ce n’est pas toujours
évident de ne rien retenir contre ceux qui nous blessent.
Notre royaume n’étant pas de ce monde il convient donc de ne pas
s’attacher aux biens matériels et ces quelques versets de
Matthieu que nous venons de lire sont bien dérangeants,
reconnaissons le humblement. S’ils nous dérangent c’est parce
que nous constatons qu’il y a encore bien du travail à faire sur
nous même et sur nos réflexes d’autoprotection…
Pour ressembler à Christ nous devrions apprendre à nous détacher
de l’aspect matériel de la vie… et laisser la première place à
l’amour, pour Dieu comme pour notre prochain.
La grande victoire de Marie de Béthanie c’est d’avoir évacué ses
attaches au monde pour laisser grandir l’amour pour Dieu. Toute
la place pour son Sauveur, toute la place pour sa rédemption.
La Rédemption qui veut dire « rachat »
3/ La troisième réflexion que je
voudrais vous présenter est un autre
enseignement de
Jésus sur le même thème du pardon :
Luc 6.37-38
37 Ne jugez point, et vous ne serez point jugés ; ne
condamnez point, et vous ne serez point condamnés ;
absolvez, et vous serez absous.
38 Donnez, et il vous sera donné: on versera dans votre
sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde ; car
on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis.
Evidemment ce qui peut nous déranger dans ce passage c’est le
fait que nous serons jugés comme nous aurons jugés les
autres. La question qui devrait nous intéresser au plus
haut point c’est donc de savoir avec quelle dose d’amour, quelle
dose de pardon, sommes-nous capables de gérer nos différents.
« … absolvez, et vous serez absous. » dans la version Segond ou
« Acquittez » selon Darby. Chouraqui apporte le commentaire
suivant à ce verset : « La vie est comme un miroir dans lequel
l’homme trouve le reflet de ses pensées et de ses actes. »
Le mot central qui devrait être retenu c’est « pardonner »… Ou
encore « Amour » plutôt que « Justice ».
C’est parfois difficile. Il y a des choses plus dures à avaler
que d’autres et il n’est donc pas étonnant qu’il y ait des
blocages parfois quant à la réalité de notre pardon. Et souvent
il faut du temps pour mener un réel combat sur nous-mêmes et
remporter ce type de victoire. Nous l’avons déjà lu plusieurs
fois, également dit et redit souvent : Dieu seul a le droit de
rendre justice. Il ne nous est pas permis d’usurper ce droit qui
n’appartient qu’à Lui.
Mais nous avons peut-être encore dans notre « génétique »
ce vieux démon inculqué depuis bientôt quatre millénaires pour
rendre une justice sommaire.
Si nous devions être sous les ordonnances de la justice aucun de
nous n’aurait la vie sauve.
Le sacrifice de Jésus est un scandale juridique dont nous sommes
les coupables… n’empêche que nous réclamons nos bons droits et
sommes souvent prêts à nous battre toutes griffes dehors…
Nous avons lu « on vous mesurera avec la mesure dont vous vous
serez servis. »
Nous l’oublions trop souvent !
4/ Pour le dernier point je cite
encore Jésus
Matthieu 5.21-24
21 Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne
tueras point ; celui qui tuera mérite d’être puni par les
juges.
22 Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère
contre son frère mérite d’être puni par les juges ; que
celui qui dira à son frère: Raca !
(se traduit par : vide,
indigne, vaurien... expression de mépris utilisée parmi les
Juifs au temps de Christ)
mérite d’être puni par le sanhédrin ; et que celui qui lui
dira: Insensé ! mérite d’être puni par le feu de la géhenne.
23 Si donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là
tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi,
24 laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te
réconcilier avec ton frère ; puis, viens présenter ton
offrande.
Il s’agit donc de prendre l’initiative du pardon avant de
s’approcher du Seigneur, ou pendant que l’on s’approche de Lui,
mais ne pas attendre que l’initiative vienne de l’autre partie.
Combien de fois entendons-nous des paroles du genre « je veux
bien lui pardonner mais qu’il vienne s’excuser…). C’est dit
comme une concession et non pas comme une parole d’amour, c’est
là tout le problème.
La force de l’amour est plus forte que le péché. Nous l’avons
bien compris.
Dans l’Eglise le souci d’unité exige que le plus fort aide le
plus faible. Il ne s’agit pas d’une hiérarchie parce que demain
les rôles peuvent être inversés.
Je relève aussi que ce constat que nous faisons à propos de nos
comportements dans l’Eglise est tout aussi vrai dans les
relations et le pardon dans le couple, n’oublions pas qu'Eglise
et Mariage fonctionnent sur le même schéma spirituel. Ceci est
juste un clin d’œil adressé à ceux qui ont encore du mal à
pardonner à leur conjoint.
Conclusion
1Pierre 2.22-25
22 Lui qui n’a point commis de péché, Et dans la bouche
duquel il ne s’est point trouvé de fraude ;
23 lui qui, injurié, ne rendait point d’injures, maltraité,
ne faisait point de menaces, mais s’en remettait à celui qui
juge justement ;
24 lui qui a porté lui–même nos péchés en son corps sur le
bois, afin que morts aux péchés nous vivions pour la
justice ; lui par les meurtrissures duquel vous avez été
guéris.
25 Car vous étiez comme des brebis errantes. Mais
maintenant vous êtes retournés vers le pasteur et le gardien
de vos âmes.