Catholicisme: La tendance est à la baisse pour les
diverses pratiques religieuses
Même si les funérailles de Jean-Paul
II et l'élection de son successeur ont ravivé la ferveur religieuse partout dans
le monde catholique en 2005, les principales Eglises chrétiennes doivent faire
face à un nombre croissant de bancs vides au Canada, selon des experts
théologiens.
En déclin depuis plusieurs années, surtout au Québec, la moyenne nationale du
nombre de catholiques allant régulièrement à la messe a plafonné à 20 pour cent
au pays. Au Labrador, le diocèse catholique de St. George's a été le premier à
déclarer en faillite en 2005.
En plus d'une baisse mondiale généralisée de fidèles, l'Eglise catholique doit
faire face à une pénurie de prêtres. À un point tel qu'elle "risquerait de
perdre son identité comme institution centrée sur l'eucharistie", s'inquiète
Susan Roll, professeur de théologie à l'Université St-Paul, affiliée à
l'Université d'Ottawa.
En octobre dernier, la question de l'ordination des hommes mariés avait été
discutée au Vatican comme l'une des possibles solutions au problème. Mais un
puissant appel aux valeurs traditionalistes et au célibat des prêtres lancé par
un cardinal australien l'a finalement emporté.
Selon Susan Roll, les églises auraient tout intérêt à parler un langage qui
touche davantage les gens et à "transmettre leurs valeurs et leurs vérités en
des termes plus signifiants".
Si les églises se vident, où vont alors les chrétiens qui ont soif de
spiritualité? "Il y a tout un lot de gourous", note Maurice Boutin, professeur
de théologie à l'Université McGill.
"Les religions orientales fleurissent énormément dans toutes les sphères de la
société... le mouvement Nouvel âge, l'astrologie, la nécromancie (...) Les gens
essaient de trouver quelque chose qui leur donnerait un contrôle sur leur vie."
Selon Tom Harpur, l'un des auteurs sur la spiritualité les plus connus au pays,
le coeur du problème réside dans le fait que "les gens en ont assez de se faire
répéter les mêmes choses surtout si ça contredit ce que leur esprit et leur
coeur leur disent", souligne-t-il.
"Les gens ne veulent pas parler de Dieu, ils veulent Dieu." Ils ne veulent pas
de crédos ni de dogmes "ils veulent vivre une expérience", poursuit l'auteur du
"Christ païen".
Selon cet ex-pasteur anglican, en 2061, soit dans à peine 55 ans, il n'y aura
plus un seul anglican au sein de l'Eglise, si le déclin des membres se
maintient. D'après une étude commandée par les évêques de cette même
institution, le nombre de fidèles auraient chuté de 53 pour cent au cours des 40
dernières années.
Le scénario demeure le même au sein des autres Eglises, notamment pentecôtiste,
luthérienne et baptiste, où la quantité de membres a également baissé, selon le
même rapport.
Pourtant, la diversité religieuse ne cesse de croître. Selon le dernier
recensement de Statistique Canada, le nombre de Canadiens se déclarant musulmans
a plus que doublé entre 1991 et 2001, passant de 253 000 à 600 000. Même son de
cloche chez les hindous, bouddhistes et sikhs dont le nombre de personnes se
disant adeptes a connu une hausse de 80 pour cent durant la même période.
Toujours selon le recensement de 2001, le Canada reste toutefois à majorité
catholique (13 millions de croyants), suivi de près par les protestants (10
millions). Près de 5 millions de Canadiens se disent sans religion.