Nous
constatons que la première manifestation immédiate, visible de tous, de
l’effusion de la première Pentecôte c’est le parler en langues.
«Ils
furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler en d’autres
langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer ... la multitude
accourut, et elle fut confondue parce que chacun entendait parler dans
sa propre langue»
(Actes 2 :
4-6).
C’est la tour
de Babel à l’envers. Le salut est ouvert à toutes les nations, à tous
peuples donc à toutes les langues. Jésus a donné cet ordre aux
disciples d’aller jusqu’aux extrémités de la terre. La première
manifestation du Saint-Esprit va dans ce sens, Il donne les moyens à des
hommes non instruits pour la plupart, de remplir la mission.
Cela n’a rien
de choquant pour les disciples, ils ont vu tellement d’autres choses
plus étonnantes encore. Mais par contre, les inconvertis sont
interloqués :
« Ils
étaient tous dans l’étonnement et la surprise, et ils se disaient les
uns aux autres : voici, ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous
Galiléens ? Et comment les entendons-nous dans notre propre langue à
chacun, dans notre langue maternelle... des merveilles de Dieu »
(Actes 2 :
7-11).
Bien sûr la
suite du texte nous dit que, déjà à l’époque, les moqueurs étaient aussi
au rendez-vous, le contraire eût été étonnant.
Ceux qui ont
fait l’expérience d’approcher des dons spirituels, ont certainement
rencontré des hommes et des femmes qui ont accepté le Seigneur après un
parler en langue dans leur langue maternelle. Don manifesté par des gens
n’ayant aucune connaissance de cette langue, ne sachant même pas dans
laquelle ils s’exprimaient, ni quelquefois du contenu du message.
Il reste un
fort scepticisme à ce sujet dans certains milieux évangéliques. Pourtant
nous avons pu constater à plusieurs reprises ces interventions de
l’Esprit et les conversions qui ont suivi. Il est vrai que nos esprits
cartésiens sont mis à rude épreuve. Mais il faut réaliser que notre foi
en général va à l’encontre de la sagesse du monde, pas seulement la foi
en la puissance actuelle du Saint-Esprit, toute la vie chrétienne fait
appel à la foi en l’inconcevable.
Le but de ce
don est exposé clairement, c’est d’aider à l’évangélisation. Aujourd’hui
les écoles de langues sont nombreuses, et nous pourrions imaginer que ce
don, utile au début du christianisme ne l’est plus en ce siècle de la
connaissance. L’Esprit-Saint semble pourtant en décider autrement,
puisque ces miracles se produisent encore.
Sur cette
forme de manifestation spirituelle, toutes les églises se référant à la
Pentecôte sont unanimes, ce don est distribué selon la volonté du
Saint-Esprit, chaque croyant peut recevoir ce don, mais tous ne l’auront
pas reçu. D’autre part nous l’avons bien compris ce don est à usage
d’évangélisation. Il peut donc se manifester, soit dans l’église, soit
lors du travail missionnaire.
« En
effet, celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu,
car personne ne le comprend, et c’est en esprit qu’il dit des mystères »
(1Cor 14 :
2).
Il ne s’agit
plus ici d’appuyer l’oeuvre d’évangélisation, puisque personne ne le
comprend. Si nous hésitions à admettre cette forme du parler en langue,
Paul nous dit encore :
« Quand
je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai l’amour... »
(1Cor. 13 : 1).
Si le don
précédent ne rencontre pas un franc enthousiasme dans certains milieux,
celui-ci déchaîne encore des passions. L’adverbe « encore » trouve sa
place dans notre réflexion, car il y a de toute évidence une évolution
intéressante dans la pensée collective évangélique. Il faut constater le
changement qui se produit, depuis une cinquantaine d’années, dans
l’approche des dons spirituels en général, et de celui-ci en particulier.
Après avoir
farouchement nié cette forme de parler en langue, après avoir suggéré ou
même prêché ouvertement qu’il s’agissait de manifestations sataniques,
nous constatons que presque tous les milieux sont concernés par ce
réveil.
Aujourd’hui
les propos sont un peu plus modérés. Si nous entendons encore ici ou là
des jugements de mépris du style « infantilisme spirituel » sur les
chrétiens de Pentecôte, force est de constater que les résistances
tombent les unes après les autres. A tel point qu’il y a plus de
chrétiens évangéliques vivant avec les dons de l’Esprit, que des autres.
Le nombre ne fait certes pas la valeur, l’histoire l’a prouvé, mais le
réveil est bien là, et toutes les arguties du passé contre ce réveil de
Pentecôte sont remises en cause.
Pourquoi donc
cette forme de don ? C’est encore l’apôtre Paul qui donne l’explication.
« Celui
qui parle en langue s’édifie lui-même; celui qui prophétise édifie
l'Eglise. Je désire que vous parliez tous en langues, mais encore plus
que vous prophétisiez.»
(1Cor. 14 :
4-5)
Il s’agit
donc ici d’édification personnelle. Ce qui explique très bien la retenue
que Paul exprime de préférer des paroles compréhensibles par tous, aux
interventions incomprises.
« Je
rends grâces à Dieu de ce que je parle en langue plus que vous tous;
mais dans l'Eglise, j’aime mieux dire cinq paroles avec mon
intelligence, afin d’instruire aussi les autres, que dix mille paroles
en langue. »
( 1Cor. 14 :
18-19)
Donc Paul,
loin de condamner cette forme de parler en langue, affirme utiliser ce
don. Par contre il préfère le réserver à sa prière personnelle. Raison
pour laquelle il préfère en limiter le nombre dans l’Assemblée.
« En
est-il qui parlent en langue, que deux ou trois au plus parlent, chacun
à son tour, et que quelqu’un interprète; s’il n’y a pas d’interprètes
qu’on se taise dans l'Eglise »
(1Cor 14 : 27)
Nous
développerons la prière en langue dans le chapitre « la prière, une
autre dimension ». Nous trouverons sa raison d’être, beaucoup plus
importante qu’on ne l’imagine, et qui fait partie intégrante de la
louange.
Ceci posé,
nous en arrivons à ce qui nous distingue des Assemblées de Dieu. Leur
position est la suivante : tout chrétien régénéré doit parler en
langues, car c’est le signe visible du baptême du Saint-Esprit.
Ils ne disent
pas cela par convenance personnelle, mais ils s’appuient sur des textes
bien précis, tels que :
« Voici
les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils
chasseront les démons, ils parleront de nouvelles langues... »
(Marc16 :
17).
« Tous
les fidèles circoncis qui étaient venus avec Pierre furent étonnés de ce
que le don du Saint-Esprit était aussi répandu sur les païens. Car ils
les entendaient parler en langues et glorifier Dieu »
(Actes 10 :
45-46).
« Lorsque
Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit vint sur eux, et ils
parlaient en langues et prophétisaient ».
(Actes 19 :
6)
Leur analyse
est donc la suivante, chaque fois qu’il est mentionné l’onction du
Saint-Esprit, il y a eu manifestation de parler en langues.
Ces textes
sont bien là, et il serait mal venu de les contester. Seulement il y a
aussi ces textes, tout aussi évidents :
« Tous
ont-ils le don des miracles ? Tous ont-ils le don des guérisons ? Tous
parlent-ils en langues ? Tous interprètent-ils ? »
(1Cor. 12 :
30).
« ...
à un autre, le discernement des esprits; à
un autre, la diversité des langues; à un autre, l’interprétation des
langues »
(1Cor 12 :
10).
Y aurait-il
contradiction entre ces déclarations ? Certainement pas, et la seule
différence que nous constatons entre leur compréhension et la nôtre
repose sur cette affirmation qu’ils font que le parler en langue est
« le » signe du baptême de l’Esprit. Nous comprenons pour notre part
qu’il est « un » signe, précisément parce que tous ne parlent pas en
langues.
Les auteurs
des textes bibliques ont pu dire qu’ils constataient, comme Pierre
lorsqu’il s’adresse à la maison de Corneille, que le Saint-Esprit était
descendu sur ces personnes, parce qu’il les voyait parler en langues et
glorifier Dieu. Mais ils ne disent pas que toutes les personnes
présentes parlaient en langues.
De même si
nous visitons une église et qu’il y a quelques parlers en langues, quand
nous sortirons nous pourrons témoigner que cette assemblée parle en
langue. Tous les chrétiens de cette assemblée ? Sûrement pas, tout comme
dans les Assemblées de Dieu, chaque membre ne parle pas en langues, une
partie seulement.
Il nous
semble important aussi de nous rappeler l’exhortation de Paul, de
rechercher les dons, mais surtout celui de prophétie. Et il s’agit aussi
d’un signe visible, comme les langues.
Nous
pourrions considérer que cette nuance est mineure, si la seule
conséquence de cette différence d’interprétation se limitait à davantage
rechercher ce don. Et c’est le cas de certaines Assemblées, qui ne font
que suivre le conseil de Paul, peut-être d’une façon un peu plus pointue
que nous. Dans cette situation il n’y a pas lieu à polémique, et nous
nous réjouissons de la communion d’esprit que nous pouvons avoir
ensemble.
Par contre,
si cette interprétation pousse au jugement, parce que ceux qui n’ont pas
ce don sont considérés comme non encore baptisés de l’Esprit, la nuance
devient plus sérieuse. Nous pouvons même dire qu’il s’agit d’un handicap
grave, parce que générateur de traumatismes. Celui qui ne parle pas en
langues serait en quelque sorte un oublié de l’esprit.
De là à
imaginer une raison sournoise, un péché caché et entretenu, il n’y a
qu’un pas. Et reconnaissons-le, ce pas est malheureusement franchi par
certains.
C’est un
problème entre eux, mais qui déborde sur les autres Eglises, quand elles
sont jugées, parfois sévèrement. Nous avons entendu des propos du style
« ce n’est pas un pasteur converti », non pas parce qu’il n’aime pas le
Seigneur, mais parce qu’il ne parle pas en langues. Nous avons entendu
aussi des jugements «comment peut-il être sauvé, il ne parle pas en
langues ».
Il s’agit de
propos tenus par les plus faibles. Mais ils s’entretiennent dans la
base. Les pasteurs et responsables que nous connaissons n’ont pas cette
conception. Le problème est que cette nuance d’interprétation ouvre la
porte à cette nouvelle forme de légalisme.
Bien sûr,
soyons objectifs, ces propos bien négatifs sont peut-être aussi une
forme de réponse à ceux tout aussi exécrables qu’ils entendent sur leur
« infantilisme » comme nous le lisions plus haut. L’amour dont parle
Paul, au milieu de sa clarification sur les dons (1Cor. : 13), est un
fruit de l’Esprit bien difficile à atteindre, par les uns comme par les
autres.
Nous avons
relevé cette différence avec nos frères des Assemblées de Dieu, mais il
y a plus grave, et eux ne sont pas en cause.
Nous devons
reconnaître qu’il y a encore des hommes de Dieu qui sans s’en rendre
compte sont des obstacles à l’oeuvre du Saint-Esprit.
Nous l’avons
dit et redit, tous ne parlent pas en langues. De là à empêcher le
Saint-Esprit de se manifester dans le culte il y a une marge. L’apôtre
Paul est on ne peut plus clair à ce sujet.
« Ainsi
donc, frères, aspirez au don de prophétie, et n’empêchez pas de parler
en langues »
(1Cor. 14 :
39).
Il ne
faudrait pas se mentir à soi-même et considérer que l’on remplit cet
ordre lorsque l’on reçoit des étrangers et qu’on leur offre la parole en
les accompagnant d’un interprète. Nous avons entendu ce genre de
raisonnement, hélas, mais nous sommes ici complètement en dehors du
contexte de l’épître aux Corinthiens. Il y est parlé du don spirituel,
donc surnaturel, et non d’une capacité intellectuelle. La lecture des
chapitres 13 et 14 ne laisse aucune possibilité d’équivoque.
Cette
remarque nous amène au dernier don de langues.
« Celui
qui prophétise est plus grand que celui qui parle en langue, à moins que
ce dernier interprète pour que l'Eglise en reçoive de l’édification.
(1Cor. 14 :
5)
Il ne faut
pas interpréter « plus grand » comme une position personnelle par
rapport aux autres membres de l’assemblée, mais comme plus grand en
utilité. Aucun don spirituel n’apporte une position, c’est bien normal
parce qu’ils ne viennent pas de nous mais de l’Esprit. Ils ne sont pas
donnés pour nous faire valoir, mais pour le bien de l'Eglise.
Et
l’assemblée ne trouve pas d’édification si elle ne comprend pas ce qui
est dit. Il faut noter la remarque de l’apôtre : à moins que ce dernier
interprète. Pouvons-nous imaginer un orateur anglais, venant apporter un
message dans notre assemblée et qui, connaissant le français
s’exprimerait d’abord dans sa langue et nous traduirait ensuite. Sauf
dans des conventions où il y aurait mixage de nationalités, ce serait
absurde. Cela relève de la simple évidence, et confirme qu’il ne s’agit
pas de langues apprises.
Donc Paul met
une condition, s’il n’y a pas d’interprétation, soit par celui qui vient
de parler, soit par quelqu’un d’autre (1Cor. 14 : 7), on arrête
d’utiliser ce don.
Nous pouvons
déduire de ceci, que celui qui reçoit un don de l’Esprit reste maître de
sa personne. On est loin de tout délire, on est loin de la perte de son
conscient, comme c’est le cas de certaines possessions, qui elles ne
viennent pas de Dieu.
Le
Saint-Esprit laisse l’homme conscient et libre dans l’exercice du don
qu’Il donne.
CONCLUSIONS
Les dons
spirituels ne sont donnés par l’Esprit de Dieu que dans un but
d’édification personnelle ou plus généralement collective. Ainsi tout
orgueil, tout sentiment de « supériorité » serait la démonstration que
le don ne vient pas du Seigneur.
Les dons sont
distribués par l’Esprit selon sa divine volonté. Jésus les promet, Paul
exhorte à les rechercher, et à en demander d’autres.
Le parler en
langue est un signe immédiatement visible de la plénitude du
Saint-Esprit. Il est cité à chaque fois qu’un groupe de personnes est
touché par les dons, mais Paul fait bien la réserve que tous ne parlent
pas en langues.
Loin d’être
une contradiction ceci révèle bien que l’Esprit distribue les dons. La
fixation de certains sur les langues fait oublier le plus important des
dons, la prophétie, et tous les dons de puissances, qui n’ont qu’un
objectif : Nous faire connaître toujours mieux le Seigneur, et donner la
force de persuasion au message de l’Evangile.
«Les
charismes font partie de ces choses meilleures, que nous devons
découvrir et acquérir »
Francis Bailet dans « Voir autrement » page 47