Lors de la visite du Pape aux USA du 15 au 20 avril 2008, on rappelait souvent sa qualit� suppos�e de � successeur de Pierre ï¿½. Les catholiques sont tenus de croire qu�il y a continuit� historique entre l��glise primitive et l��glise de Rome : ils pr�supposent donc en g�n�ral que l�histoire confirme cette continuit�. Il est regrettable que si peu de chr�tiens bibliques aient r�ellement examin� cette question. Aussi cette �tude sur l��glise primitive authentique est-elle, � notre avis, l�une des plus importantes que nous ayons jamais publi�es. Pour nous, la v�rit� vient de Dieu seul et n�a de force qu�en lui. Puisse-t-il utiliser ces pages pour abattre cette forteresse �rig�e de main d�homme, � savoir la doctrine romaine de la � succession apostolique ï¿½, et la version r�visionniste de l�histoire par laquelle la papaut� �taye cette doctrine. � Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles ; mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses ï¿½ (2 Corinthiens 10:4).

Nous esp�rons que vous �tudierez attentivement l�article ci-dessous et que vous aurez � coeur de porter cette question dans la pri�re. Nous vous serions tr�s reconnaissants de faire conna�tre cette �tude autour de vous, et de l�afficher si possible sur un site Internet.

Dans la confiance en la gr�ce du Seigneur et en sa force toute-puissante,
Richard Bennett

Du 15 au 20 avril 2008, Beno�t XVI visita les �tats-Unis et les Nations Unies en tant que pape de l��glise catholique romaine et principal repr�sentant du Saint-Si�ge. Le Pr�sident des USA l�accueillit par ces mots : � C�est votre premier voyage aux �tats-Unis depuis que vous �tes mont� sur le tr�ne de Saint Pierre ï¿½ (1). Le titre et le tr�ne du pape Beno�t XVI proc�dent du dogme de la succession apostolique.

Les membres de l��glise catholique sont � tenus de professer ï¿½ qu�il y a continuit� entre l��glise primitive et l��glise romaine telle que la d�finit le dogme papal de la succession apostolique (2). On apprend aux catholiques � ne jamais remettre en cause cette doctrine. C�est pr�cis�ment sur elle que s�appuie le pape actuel, lorsqu�il d�clare que les Communaut�s chr�tiennes n�es de la R�forme du seizi�me si�cle ne peuvent �tre appel�es � ï¿½glises ï¿½ au sens propre, car elles � n�ont pas la succession apostolique dans le sacrement de l�ordre. Il leur manque d�s lors un �l�ment essentiel constitutif de l��glise ï¿½ (3).

 Cette d�claration du pape est intervenue au moment o� beaucoup se laissent s�duire par le � dialogue ï¿½ et par les autres proc�d�s qu�utilise l��glise catholique. Le Pr�sident des �tats-Unis d�clara, par exemple : � Par-dessus tout, Saint P�re, vous trouverez aux �tats-Unis un peuple dont le c�ur est ouvert � votre message d�esp�rance. L�Am�rique et le monde ont besoin de ce message ï¿½ (4). Or ce message s�est av�r� creux : l��vangile de la gr�ce brillait par son absence, et le pape a m�me pri� pour les morts en visitant l�emplacement de l�ancien World Trade Center. � O Dieu d�amour, de compassion et de gu�rison, a-t-il dit, regarde-nous, nous qui venons de bien des traditions et de bien des fois diff�rentes, et qui sommes r�unis l� o� survinrent des violences et des douleurs sans nom. Nous prions que dans ta bont� tu accordes la lumi�re �ternelle et la paix � tous ceux qui sont morts ici� ï¿½ (5).

Ces paroles v�hiculant un enseignement fonci�rement anti-biblique �manent de l�homme qui se veut le chef de l��glise v�ritable de J�sus-Christ. En c�l�brant l� une messe, ce qui est un acte h�r�tique, il confirma son opposition � la R�forme et � son authentique h�ritage biblique, d�o� surgirent, au seizi�me si�cle, des �glises v�ritables. Nous allons exposer ci-dessous la conception n�otestamentaire de l��glise, et fournir des donn�es historiques prouvant qu�entre le temps des ap�tres et celui de la R�forme, il a bel et bien exist� des �glises bibliques.

 L��glise selon la Bible

J�sus-Christ fonda son �glise sur le message de l��vangile proclamant qu�il est  le Christ  (l�Oint, le Messie) et le Fils du Dieu Vivant (Matthieu 16:16-17). Quand le Seigneur eut �t� glorifi�, le Saint-Esprit remplit de sa puissance tous les croyants r�unis � J�rusalem, pour qu�ils annoncent l��vangile de par le monde. Le Nouveau Testament nous apprend que la premi�re �glise fut �tablie � J�rusalem, point de d�part de tous ceux qui s�en all�rent proclamer l��vangile. Ils constituaient � l��glise de J�rusalem ; et tous, except� les ap�tres, se dispers�rent dans les contr�es de la Jud�e et de la Samarie ï¿½ (Actes 8:1). Nous savons par le Nouveau Testament que des �glises locales furent �galement fond�es en Jud�e et en Samarie. L��vangile atteignit ensuite la Chypre et Antioche. Quand les chr�tiens de J�rusalem apprirent que les habitants d�Antioche avaient re�u l��vangile, ils leur envoy�rent Barnabas, qui alla chercher Paul � Tarse. Paul et Barnabas pass�rent toute une ann�e � Antioche, enseignant l��vangile de la gr�ce, le salut par la foi seule dans le Christ J�sus seul. L�, pour la premi�re fois, ceux qui croyaient l��vangile furent appel�s � chr�tiens ï¿½. Dans toutes ces �glises, l�ap�tre Paul �tablissait des anciens (6) et des diacres. La fonction de ces derniers ne constitue cependant pas l�essence m�me de l��glise : leur r�le est d�enseigner, de gouverner, et de veiller � ce que tout se d�roule en bon ordre dans l�assembl�e. Quoi qu�en dise le pape, le principe unificateur de l�assembl�e des croyants n�est pas la structure du groupe, mais l��vangile.

Le terme grec ekklesia signifie litt�ralement : � ceux qui ont �t� appel�s au-dehors ï¿½. Dans le Nouveau Testament, il s�applique � tous les croyants bibliques de l��re pr�sente, � tous ceux dont Christ affirme : � Je b�tirai mon �glise ï¿½ (Matthieu 16:18). Sous l�inspiration du Saint-Esprit, l�ap�tre Paul d�finit l��glise comme le corps de Christ en �ph�siens 1:22-23. Le plus souvent, ce terme d�signe une assembl�e chr�tienne locale. Le message central des �p�tres du Nouveau Testament est l��vangile de la gr�ce par la foi seule, tel que le d�crit par exemple l��p�tre aux �ph�siens : � Car c�est par la gr�ce que vous �tes sauv�s, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c�est le don de Dieu. Ce n�est point par les �uvres, afin que personne ne se glorifie ï¿½ (�ph�siens 2:8,9). Quand l�ap�tre parle de � l��glise de Dieu ï¿½ (par exemple dans 1 Corinthiens 10:32 : � Ne soyez en scandale ni aux Grecs, ni aux Juifs, ni � l��glise de Dieu ï¿½) il d�signe la collectivit� des chr�tiens en la distinguant des Juifs comme des non Juifs. L�ap�tre d�signe constamment les croyants ordinaires par le terme � ï¿½glise ï¿½ : � ï¿½ l��glise de Dieu qui est � Corinthe, � ceux qui ont �t� sanctifi�s en J�sus-Christ ï¿½ (1 Corinthiens 1:2). � Lorsque cette lettre aura �t� lue chez vous, faites en sorte qu�elle soit aussi lue dans l��glise des Laodic�ens ï¿½ (Colossiens 4 :16). L��glise est simplement la communaut� des croyants. Tous les messages donn�s par le Seigneur � l�ap�tre Jean s�adressaient �galement � des �glises locales (Voir Apocalypse 1:11).

L��vangile �tait le facteur d�unit� des �glises locales primitives. Elles croyaient et enseignaient l��vangile de la gr�ce de Dieu. Cet �vangile �tait pour elles ï¿½ la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit ï¿½ (Romains 1:16). La foi seule, en accord avec les �critures, est le moyen par lequel le croyant re�oit le salut que le Christ J�sus a acquis par sa vie parfaite et par son sacrifice.

 L��glise selon le catholicisme romain

Le Vatican exige que les catholiques professent qu�il y a continuit� historique entre l��glise fond�e par le Seigneur J�sus-Christ et l��glise catholique romaine. Pour nous prononcer sur la validit� de cette croyance, n�oublions pas que dans un contexte catholique, le mot � ï¿½glise ï¿½ a un sens tout autre que dans le Nouveau Testament. C�est vrai, le Magist�re catholique appelle l��glise � Peuple de Dieu ï¿½, � Corps de Christ ï¿½, et � Temple du Saint-Esprit ï¿½ ; mais il met invariablement l�accent principal sur l�autorit� et la mission du syst�me organis� qui a pour chef le Pape. Voici l�enseignement de Rome : ï¿½ Le Christ est Lui-m�me la source du minist�re dans l��glise. Il l�a institu�e, lui a donn� autorit� et mission, orientation et finalit� ï¿½ (7) Le syst�me catholique d�finit clairement les fonctions de cette structure de pouvoir : � Il n�y a aucune faute, si grave soit-elle, que la Sainte �glise ne puisse remettre ï¿½ (8). � Les pr�tres ont re�u un pouvoir que Dieu n�a donn� ni aux anges ni aux archanges� Dieu sanctionne l�-haut tout ce que les pr�tres font ici-bas ï¿½ (9). � ï¿½Croire� est un acte eccl�sial. La foi de l��glise pr�c�de, engendre, porte et nourrit notre foi. L��glise est la m�re de tous les croyants. Nul ne peut avoir Dieu pour P�re qui n�a pas l��glise pour m�re ï¿½ (10). Le pr�tendu pouvoir absolu du syst�me hi�rarchique papal contredit sur toute la ligne la conception n�o-testamentaire de l��glise, � l�assembl�e de ceux qui croient ï¿½. La papaut� est insatiablement assoiff�e de pouvoir, au point de revendiquer pour elle-m�me la puissance qui n�appartient qu�au Saint-Esprit. Le Magist�re romain enseigne officiellement : � Le Pontife romain a sur l��glise, en vertu de sa charge de Vicaire du Christ et de Pasteur de toute l��glise, un pouvoir pl�nier, supr�me et universel qu�il peut toujours librement exercer ï¿½ (11). Ces enseignements-l� refl�tent-t-ils une continuit� avec la doctrine biblique et les pratiques de L��glise primitive v�ritable ?

 Les premiers chr�tiens et les �critures

Les premiers chr�tiens �taient attach�s aux �critures : ils y voyaient la Parole divine, la v�rit� absolue. D�s le d�but de l��re post-apostolique, les � P�res de l��glise ï¿½ tels qu�Ignace d�Antioche, Polycarpe, Cl�ment de Rome, et Barnabas s�appuy�rent exclusivement sur les �critures pour enseigner la saine doctrine et pour r�futer les h�r�sies. La Bible, l�Ancien et le Nouveau Testament, est la seule autorit� � laquelle ces hommes se r�f�rent dans leurs �crits. De m�me, les �uvres d�apolog�tes comme Justin Martyr et Ath�nagoras font exclusivement appel aux �critures. Aucune de ces �uvres n�accorde d�autorit� � une tradition extra biblique, comme s�il pouvait y avoir l� une deuxi�me source de r�v�lation. Au cours de la seconde moiti� du deuxi�me si�cle, les �crits d�Ir�n�e et de Tertullien �voquent pour la premi�re fois l�id�e d�une tradition apostolique transmise oralement au sein de l��glise. Mais Ir�n�e et Tertullien affirment �galement avec force que tout l�enseignement oral dispens� par les �v�ques �tait tir� des �critures, et pouvait �tre prouv� par le moyen de celles-ci.

 Les premiers chr�tiens t�moignent de l��vangile

Polycarpe de Smyrne (n� en 69) mourut martyr vers 155. Il t�moigne en ces termes de son salut par la foi en J�sus-Christ : � Le Seigneur J�sus-Christ� en qui vous croyez� sachant que vous �tes sauv�s par la gr�ce, et non par les �uvres, mais par la volont� de Dieu en J�sus-Christ. ï¿½ (12). Cl�ment de Rome, qui mourut vers l�an 100, se dit justifi� par la foi : � Nous donc aussi, qui avons �t� appel�s par la volont� [de Dieu] dans le Christ J�sus, nous ne sommes pas justifi�s par nous-m�mes, ni par notre propre sagesse, si par notre connaissance ou notre pi�t� ou nos propres �uvres� mais par la foi. ï¿½ (13). Justin Martyr aussi (100-165 environ) professe que par la foi, il est rendu juste devant Dieu. � Ce n�est pas � cause de la circoncision que Dieu atteste de la justice d�Abraham, mais � cause de sa foi. Car avant qu�il f�t circoncis, il est �crit de lui : � Abraham crut en Dieu, et cela lui fut imput� � justice ï¿½ (14). Ir�n�e, qui mourut vers 190 ou peut-�tre m�me en 202, explique clairement l��vangile d�apr�s le chapitre 3 de l��p�tre aux Romains : � Quand le Christ vint, il accomplit toutes choses ; dans l��glise il continue d�accomplir la Nouvelle Alliance qui avait �t� annonc�e sous la Loi, et il l�am�ne � la perfection. De m�me l�ap�tre Paul d�clare dans l��p�tre aux Romains : � Mais maintenant, sans la loi, la justice de Dieu est manifest�e, selon le t�moignage de la Loi et des proph�tes : car le juste vivra par la foi. Mais les Proph�tes avaient annonc� que le juste vivra par la foi ï¿½ (15). Vers la fin du second si�cle et au d�but du troisi�me, un contemporain de Justin et d�Ir�n�e t�moigne clairement de l��vangile de la gr�ce par ces mots : � Abraham ne fut pas justifi� par les �uvres, mais par la foi. Quand l�homme parvient au terme de sa vie, � moins qu�il ne soit dans la foi, il ne lui sert � rien d�avoir accompli de bonnes �uvres ï¿½ (16). Au quatri�me si�cle, Athanase t�moigne clairement de la gr�ce et de la r�demption : � Ce n�est pas ainsi, mais c�est par la foi que l�homme est justifi�, comme le fut Abraham. Ayant trait� de ces points, l�ap�tre r�p�te qu�il n�existe aucun autre moyen d��tre lib�r� du p�ch� originel qui a contamin� chacun au travers d�Adam. Ce p�ch� ne peut �tre effac� que par le Fils de Dieu� Aucun autre ne peut lib�rer l�homme de ses transgressions. Car de m�me que le p�ch� est entr� dans le monde par un seul homme, de m�me, par un seul, la gr�ce nous a �t� accord�e � tous ï¿½ (17).

Une croissance rapide et des pers�cutions implacables

Au cours des trois premiers si�cles, la foi chr�tienne se propagea largement et rapidement. Conform�ment � la volont� de la Providence divine, cette extension est due � la fid�lit� et au z�le des pr�dicateurs de l'�vangile, � la mort h�ro�que des martyrs, et � la traduction des �critures dans les langues connues du monde romain. D�j� l'empereur Septime S�v�re (193-211) fit atrocement souffrir les chr�tiens, mais les pires pers�cutions survinrent sous le r�gne de Diocl�tien et du t�trarque Gal�re entre 303 et 311. Loin d'extirper la foi chr�tienne et l'�vangile, cette pers�cution servit � purifier les pr�dicateurs et � leur ouvrir des portes pour r�pandre le message de l'�vangile.

 L��glise primitive en Italie du Nord et dans les Alpes Cottiennes

Depuis la fin du onzi�me si�cle au moins (18), l��glise catholique clame haut et fort que les �glises anciennes de l�Italie du Nord �taient tout bonnement des communaut�s qui s��taient �loign�es de l�autorit� �piscopale de Rome (19). Mais en 1690 l�historien Peter Allix d�montra au contraire que ces �glises locales, fond�es au temps des ap�tres, ne furent jamais sous l�autorit� de l��v�que de Rome avant le onzi�me si�cle. Il d�crit leur doctrine et leur pratique : � Elles m�ritent le qualificatif d�apostoliques, dit-il, car elles ont accueilli la doctrine des ap�tres en s�engageant � la suite des premiers disciples, et elles ont pr�serv� cet engagement avec un soin extr�me au long des si�cles ï¿½ (20). Pour r�futer les accusations des catholiques contre ces �glises, Allix s�appuie sur leur liturgie et sur les documents t�moignant de leur foi et de leur pratique ; ils �voquent constamment leur d�saccord grandissant avec l��v�que de Rome. Allix cite aussi les documents de leurs accusateurs catholiques, d�montrant que les accusations port�es contre ces �glises prouvent en r�alit� que leurs pratiques �taient bibliques.

 Faber relate que vers 406 un certain Vigilantius, natif d�Aquitaine, publia un trait� en r�ponse aux �crits par lesquels J�r�me d�fendait ses propres �carts par rapport aux �critures. Vigilantius � s�oppose � l�id�e que le clerg� doit garder le c�libat. Il r�fute cette autre fiction selon laquelle les martyrs sont de puissants intercesseurs aupr�s du tr�ne de la gr�ce. Il ridiculise la v�n�ration insens�e, quasi idol�tre, dont certains entourent les reliques des martyrs. Il qualifie de folie la coutume de faire br�ler en plein jour des cierges devant leurs tombes, et d�nonce les pr�tendus miracles produits par leurs restes inanim�s� Il traite de �vanit�s absurdes� les p�lerinages � J�rusalem ou dans quelque autre lieu dit �saint� ï¿½ (21). Nous ne poss�dons plus le trait� de Vigilantius ; c�est J�r�me qui nous livre ces informations en cherchant � r�futer Vigilantius au cours de ses �changes avec lui. J�r�me, qui r�sidait alors � J�rusalem, pr�cise que Vigilantius � vivait quelque part entre les flots de l�Adriatique et les Alpes Cottiennes ï¿½ (22). J�r�me ne r�ussit pas � faire chasser Vigilantius de cette r�gion o� il exer�ait les fonctions d�ancien, car l��v�que du lieu le soutenait. Mais ce qui int�resse le plus Faber, c�est le point suivant :

� Cette r�gion [o� vivait Vigilantius] � l�est des Alpes Cottiennes est pr�cis�ment celle des Vaudois. Ces derniers soutiennent qu�ils y habitent au moins depuis le r�gne du Pape Sylvestre ; d�autre part, on peut d�duire des propos de J�r�me qu�ils s�y trouvaient d�j� en 406, et m�me avant�

Donc, soixante-dix ans seulement apr�s la mort du Pape Sylvestre, dans les vall�es des Alpes Cottiennes, nous trouvons une �glise professant la foi qui correspond exactement aux compte rendus donn�s g�n�ration apr�s g�n�ration par les Vaudois eux-m�mes. Voil� justement, dans cette r�gion o� les documents nous engagent � la chercher, une �glise dont le pasteur, Vigilantius, proteste contre les superstitions de ses contemporains et s��carte ouvertement des opinions profess�es par les �v�ques de l��glise romaine corrompue� ï¿½ (23).

 

L��glise catholique romaine a beau pr�tendre qu�elle avait �tabli son h�g�monie sur cette r�gion, les �changes entre J�r�me et Vigilantius t�moignent du contraire. D�autre part, en 555 le Pape P�lage 1er se plaint de ce que � les �v�ques de Milan ne viennent pas � Rome pour recevoir l�ordination ï¿½, selon � une ancienne coutume qui leur est propre ï¿½ (24). Allix ajoute la remarque suivante : � En l�an 590, neuf �v�ques d�Italie et des Grisons d�clar�rent ne pas �tre en communion avec le Pape et le qualifi�rent d�h�r�tique� ils protest�rent [aupr�s de l�Empereur] qu�ils �taient dans l�impossibilit� de communier avec le Pape Gr�goire 1er ï¿½ (25).

Documents � l�appui, Allix fait ressortir que m�me au neuvi�me si�cle les �glises du nord de l�Italie n��taient toujours pas sous le joug de l�autorit� papale. Elles r�sist�rent jusqu�apr�s la mort de Claude, �v�que de Turin. Jusque vers le milieu du neuvi�me si�cle, Claude d�fendit vaillamment son dioc�se contre Rome, tout en r�pandant inlassablement l��vangile et les �critures par ses pr�dications et par ses �crits. Wylie confirme que c�est seulement vers le milieu du onzi�me si�cle que les �glises des plaines du nord de l�Italie pass�rent sous l�autorit� papale. M�me alors, ces �glises des vall�es des Alpes Cottiennes rest�rent fid�les � la Bible dans leur foi et dans leur pratique. Les gens de cette r�gion portent le nom de Vaudois, c'est-�-dire de � peuple des vall�es ï¿½ (26).

Le po�me vaudois � La Noble Le�on ï¿½ date de l�an 1100. La date de sa r�daction (� mille et cent ans ï¿½) fait partie int�grante du corps du texte au sixi�me vers. Faber d�montre que ce po�me est r�dig� dans une langue � d�riv�e directement du bas latin, aucune autre langue n�ayant servi de transition ï¿½. C�est bien la langue des Vaudois qui s��taient r�fugi�s dans les vall�es des Alpes Cottiennes au second, au troisi�me, et au quatri�me si�cle. Cette � Noble Le�on ï¿½ r�dig�e par eux montre incontestablement que leur langue n�avait pratiquement pas chang� au long de ces si�cles o� ils rest�rent cach�s dans leurs vall�es. Cette Confession de Foi sous une forme po�tique servait � enseigner � leurs enfants � la foi transmise aux saints une fois pour toutes ï¿½. Nous avons donc plusieurs pi�ces � conviction : la correspondance de J�r�me avec Vigilantius en 406, les �crits de l��v�que Claude de Turin au d�but du neuvi�me si�cle, � La Noble Le�on ï¿½ de 1100, et d�autres documents ant�rieurs, r�unis par Samuel Morland en 1655. Les Vaudois, peuple des vall�es, furent effectivement gard�s par Dieu et forment une lign�e ininterrompue professant la foi apostolique depuis les premiers si�cles jusqu�� la R�forme.

On dit parfois que les Vaudois tiennent leur nom de Pierre Valdo (ou Vald�s) de Lyon, dont ils seraient les disciples. La politique de l��glise catholique a toujours �t� de dissimuler les origines des �glises anciennes � des vall�es ï¿½. Elle soutient que ces communaut�s eurent pour fondateur Pierre Valdo et que loin de constituer l��glise v�ritable, elles �taient h�r�tiques. Mais des faits historiques indiscutables prouvent que la version r�visionniste des papes est aussi fausse aujourd�hui que par le pass�. Un �l�ment d�terminant est le fait que Pierre Valdo ne se manifesta qu�en 1160 alors que � La Noble Le�on ï¿½ date de l�an 1100. En 1690, Peter Allix �crit : � Il n�est pas vrai que [Pierre] Valdo ait donn� son nom aux habitants des vall�es, car on les appelait �Vallenses� ou �Vaud�s� bien avant qu�il n�exist�t, � cause des vall�es o� demeuraient ces gens. �brardus de B�thune �crit en 1212 qu�ils se donnaient le nom de Vallenses� �parce qu�ils habitaient la vall�e des larmes�. Ils doivent donc leur nom � leur lieu d�habitation, c'est-�-dire aux vall�es pi�montaises, et non au patronyme de Pierre Valdo ï¿½ (27).

Par leurs �crits comme par leurs actes, les Vaudois donnent le t�moignage d�une vie soumise � l�autorit� de la Bible (28). Leur principe premier, mis en pratique au jour le jour, se r�sume ainsi : � Nous devons ob�ir � Dieu plut�t qu�aux hommes ï¿½ (Actes 5 :29). Leur second principe distinctif est l�autorit� accord�e aux �critures, que le peuple connaissait dans sa langue maternelle. Certains Vaudois �taient capables de r�citer toute la Bible par c�ur. Leur troisi�me principe �tait l�importance qu�ils accordaient � la pr�dication : chez eux tout croyant fid�le avait le droit de pr�cher. � ces principes fondamentaux, enracin�s dans le Sermon sur la Montagne, les Vaudois ajoutaient le refus des serments, le rejet de la doctrine du purgatoire et des pri�res pour les d�funts. Apr�s la mort, disaient-ils, il n�y a que deux possibilit�s : soit le ciel, soit l�enfer. Au cours de ces si�cles ent�n�br�s, cette foi vaudoise pr� r�form�e toucha de nombreuses �mes. Pour �vang�liser l�Europe ils envoyaient constamment des missionnaires qui exer�aient en g�n�ral la profession de marchands. Ces derniers attir�rent des convertis issus de tous les milieux et ils souffrirent affreusement pour leur foi.

Il est donc historiquement prouv� que ces �glises du nord de l�Italie �taient les �glises v�ritables : elles rest�rent fid�les � la Bible depuis leur fondation au deuxi�me, au troisi�me, et au quatri�me si�cle, jusqu�� la R�forme. De toute �vidence c�est l��glise papale qui est devenue schismatique et h�r�tique, et elle le reste. Cela fait au moins neuf si�cles qu�elle cherche � effacer les traces de ces anciennes �glises bibliques de l�Italie du Nord et de la France m�ridionale, d�abord par une sorte de � nettoyage ethnique ï¿½ au moyen des Croisades et de six si�cles d�Inquisition, et aussi par la destruction des documents historiques les concernant, et par le r�visionnisme historique. A ce jour, par la providence de Dieu, la Rome papale n�a pas r�ussi � effacer ces traces.

 Les �glises pauliciennes fond�es au premier si�cle

D�origine apostolique, les �glises pauliciennes furent implant�es en Arm�nie d�s le premier si�cle. � C�est vraisemblablement � partir d�Antioche et de Palmyre que la foi s�est r�pandue en M�sopotamie et en Perse. De l�, on a d� l�apporter dans le massif du Taurus et jusqu�� l�Ararat. C��tait la foi chr�tienne sous sa forme primitive. Les �glises du Taurus jou�rent le r�le d�un immense r�servoir qui recueillit la foi paulicienne et la pr�serva pendant des si�cles, � l��cart du courant majoritaire ï¿½ (29). Le premier centre chr�tien arm�nien se trouvait � Taron, foyer et base arri�re des Pauliciens. Ils affirmaient qu�ils tenaient leur foi des ap�tres. � ce propos Adeney affirme : � Il est parfaitement logique de voir en eux les survivants de la foi chr�tienne originelle� Ils sont les baptistes orientaux d�autrefois, � bien des �gards protestants avant le protestantisme ï¿½ (30).

Au huiti�me si�cle, sous l�effet des pers�cutions, les pauliciens se r�pandirent vers l�ouest en passant par la Bulgarie et par les rivages du nord de la M�diterran�e, jusqu�aux Pyr�n�es. Ils furent nombreux � s�installer en France m�ridionale, o� on les appela � Albigeois ï¿½. Partout o� ils pass�rent ils fond�rent des �glises qui pers�v�raient dans l�enseignement et dans la mise en pratique de la Bible (31). Ils ne reconnaissaient pas les adeptes des autres d�nominations comme �tant des leurs. � Nous ne sommes pas unis � eux, disaient-ils. Il y a longtemps qu�ils ont rompu avec l��glise et qu�ils en sont exclus ï¿½ (32).  

Les missionnaires en Europe avant la R�forme

Patrick �tait arriv� en Irlande en 405. Lui et ses compagnons y pr�ch�rent l��vangile dans toute sa puret�, et six si�cles de f�condit� spirituelle s�ensuivirent. De nombreux missionnaires march�rent sur les traces de Patrick, par exemple Colomba, Colomban, Kilian et Forannan. Ces derniers apport�rent un �vangile tout aussi pur en Grande-Bretagne, en Allemagne, en France, en Suisse, en Italie et au-del�, au moins jusqu�au dixi�me si�cle. D�s le onzi�me si�cle et peut-�tre m�me avant, les Vaudois envoy�rent leurs missionnaires, appel�s � barbes ï¿½, un peu partout en Europe. Leur �vangile �tait identique � celui des missionnaires irlandais. En 1209, la papaut� lan�a sa premi�re croisade contre les chr�tiens bibliques de l�Europe, d�abord contre les Albigeois du sud de la France. Ceux qui purent s�enfuir apport�rent l��vangile l� o� ils furent diss�min�s. Vers 1332, le Pape Jean XXII envoya ses inquisiteurs en pays vaudois, pour appliquer � ces chr�tiens bibliques les lois inquisitoriales. D�s lors, les Vaudois se dispers�rent en France, aux Pays Bas, en Allemagne, en Pologne, en Boh�me, en Moravie, en Angleterre, en Calabre, � Naples et au-del�. Eux aussi apport�rent l��vangile partout sur leur passage (33).

 L�h�ritage de l��glise primitive

On reconna�t l��glise authentique du Seigneur J�sus-Christ � deux signes : elle ne reconna�t que l�autorit� des Saintes �critures, et elle annonce l��vangile v�ritable. Nous venons de montrer, documents � l�appui, que l��glise v�ritable du Seigneur J�sus-Christ �tait pr�sente dans bien des pays avant la R�forme du seizi�me si�cle. Au fil des �ges, ces chr�tiens se sont r�pandus � partir de J�rusalem jusque dans les vall�es italiennes du Pi�mont, en France, en Espagne, en �cosse, en Irlande, en Angleterre, et dans toute l�Europe. Nous avons d�montr� l�existence de peuples qui honoraient la foi v�ritable et transmettaient la v�rit� des �critures.

 Conclusion

L�indiscutable authenticit� des faits historiques concernant l��glise v�ritable (l��glise de la gr�ce de Dieu dans la doctrine et dans la pratique) r�duit � n�ant les affirmations papales sur une continuit� historique suppos�e, sur une � succession apostolique ï¿½ entre les premiers chr�tiens et l��glise de Rome. Au contraire, c�est l��glise catholique qui s�av�re schismatique par rapport � l��glise du Seigneur J�sus-Christ.

L��glise v�ritable d�avant la R�forme l�a constat�, comme l�ont fait plus tard les R�formateurs : le syst�me papal, avec ses blasph�mes contre l��uvre r�demptrice du Seigneur J�sus-Christ, avec son idol�trie, son Inquisition, et sa pr�tendue � succession apostolique ï¿½, tout cela �voque la � femme assise sur une b�te �carlate ï¿½ (34). Cette m�me femme est � ivre du sang des saints et des t�moins de J�sus ï¿½ (Apocalypse 17:6). De nos jours elle continue de traiter les �mes humaines comme une marchandise, tout en pr�tendant � dialoguer ï¿½ avec les chr�tiens v�ritables comme � entre fr�res et s�urs en Christ ï¿½.

Mais ceux qui sont avis�s comprennent que l�affection pour la papaut� est dangereuse. Ils se souviennent de la parole : � la terre enti�re suivit la b�te ï¿½ (Apocalypse 13:3). Ils constatent que lors des fun�railles de Jean-Paul II et de la visite de Beno�t XVI aux �tats-Unis, ces deux papes furent entour�s de tant d��gards et de v�n�ration, que cela revenait en fait � leur rendre un culte.

Tout comme les premiers chr�tiens, nous devons lutter. Le Seigneur est avec nous, et c�est � nous qu�appartiendra l�ultime victoire. Le Saint-Esprit nous commande de � tenir ferme apr�s avoir tout surmont� Tenez donc ferme ï¿½ (�ph�siens 6 : 12,14). La certitude de conna�tre le Seigneur et d��tre � lui, voil� ce qui doit nous affermir dans l�effort et dans nos luttes. La gr�ce glorieuse, gratuitement offerte dans l��vangile selon l��criture seule, voil� l�h�ritage que nous l�gue l��glise primitive. Cette gloire continue de s�offrir � tous ceux qui sont au Seigneur.

 

Richard Bennett, Association �Berean Beacon�, http://bereanbeacon.org

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